Roadtrip 2021 : Welcome to Romania !

Après une année 2020 riche en … incertitudes, inquiétudes ou frustrations, l’été 2021 nous a offert la possibilité de repartir à l’aventure au delà des frontières françaises. Il fallait donc trouver une destination exutoire, accessible en 14j aller/retour au départ de la France et assez dépaysante pour rattraper ce mal d’aventures motorisées.

Si le Cap Nord et l’Ecosse étaient les deux premiers choix, le manque de temps pour l’un et la frontière fermée aux étrangers pour l’autre ont eu raison de ces projets au début du mois de Juillet. A ce moment là, nous avons repensé à un vieil épisode de la série Top Gear, lorsque le trio de présentateurs était à la recherche de la plus belle route du monde ; recherche l’ayant conduit aux confins de l’Europe, jusqu’en Roumanie, au cœur de la Transylvanie.

En 2011, au volant de trois supercars, Jeremy Clarkson et ses compères ont traversé l’Europe pour atteindre la route Transfăgărașan et la couronner plus belle route du monde. Alors, 10 ans plus tard, nous avons décidé d’aller vérifier si ce titre était toujours mérité!

Préparatifs :

Choisir sa monture pour effectuer plus de 7000 Km en 14 jours n’a rien d’anodin. Si nous avions le choix de partir avec des motos GT, une rapide recherche sur la physionomie du réseau routier roumain nous a rapidement fait renoncer. Si l’on se fie aux commentaires des voyageurs sur les forums en ligne, les routes seraient un joyeux patchwork de nids de poules, gravillons, pistes et de goudron en plus ou moins bon état. Dans ces conditions, une moto GT serait certes très confortable pour traverser l’Europe, mais un vrai handicap en Roumanie.

L’autre nouveauté, c’est que nous partons à deux cette année, entre père et fils! Il nous faut donc deux motos polyvalentes, confortables et bien équipées pour la distance, mais aussi capable d’encaisser des routes en mauvais état et, pourquoi pas, quelques pistes en terre. Ca tombe bien, nous avons sous la main une Africa Twin CRF 1100 2020 (version standard) et la possibilité de louer la version Aventure Sports en seconde moto. Il faut maintenant décider de quoi emporter dans les bagages…

L’Africa Twin 1100, chargée pour deux semaines de voyage – @bandedepeur.fr

Nourriture déshydratée, popote, chambres à air de rechange, mini compresseur, matériel de camping, drone… Tout est bien empaqueté sur les motos et garanti le maximum d’indépendance et de chances de réparer d’éventuels problèmes…

La dernière tâche à finaliser est la préparation du roadbook. La Roumanie étant éloignée de 2000KM de notre point de départ, dans la Creuse, nous comptons deux jours et demi de trajet à l’aller comme au retour. Pour décider de l’itinéraire dans le pays, une bonne vieille carte suffit pour matérialiser les points d’intérêt à ne pas rater et les routes pour les relier. Nous ferons de notre mieux pour en visiter le plus grand nombre possible dans le temps imparti! Alors, prêts à nous suivre dans ce nouveau roadtrip?

Jour 1 : Creuse (France) – Settimo Vittone (Italie) – 694 KM

Départ Lundi 02 Août à 8H00 (environ) – @bandedepeur.fr

Devant le garage, les motos chauffent tranquillement sur la béquille alors que nous réglons la navigation pour nous guider vers l’Italie. Au programme de ce premier jour : prise en main des motos, autoroute et un petit col pour rehausser la journée.

Les premiers kilomètres de routes départementales nous permettent de rejoindre Clermont Ferrand en environ 2H, puis de rentrer sur l’autoroute pour une bonne partie de la journée. Après Lyon puis Chambéry, nous bifurquons vers le petit plaisir motorisé de la journée : rejoindre l’Italie et la vallée d’Aoste par le col du Petit St Bernard. Quel plaisir de renouer avec cette passe déjà empruntée en 2019 dans le sens inverse, au retour d’un précédent roadtrip… Après la descente, nous reprenons une voie rapide pour abattre encore quelques kilomètres avant de faire étape à Settimo Vittone, au bout de la vallée d’Aoste.

Le logement de ce soir est situé sur les hauteurs du village, dans les restes de l’ancien château. Le gérant de l’Ospitalità del Castello nous accueille dans un cadre magnifique, au milieu des oliviers, des ruines du château en réhabilitation et d’un baptistère typique du Piémont. Nous prenons le temps de redescendre à pied dans le centre du village pour dîner dans un restaurant de fusion italienne et japonaise pour clore cette première journée. Demain, nous quitterons l’Italie.

Jour 2 : Settimo Vittone (Italie) – Križevci pri Ljutomeru (Slovénie)- 812KM

Le soleil se lève sur le deuxième jour de notre périple, alors que nous détaillons l’itinéraire de la journée. Celui-ci n’est pas très réjouissant : nous devons traverser l’Italie et une partie de la Slovénie aujourd’hui afin de couvrir au moins 800 kilomètres. Nous allons donc passer l’essentiel de la journée sur autoroute, profitant de la facilité de nos motos et du régulateur de vitesse intégré.

Les choses se gâtent cependant dès Milan, entre bouchons et travaux. Alors que le thermomètre affiche 38° et que la chaleur se répand dans nos vêtements de motos, nous nous interrogeons sur le bien fondé de partir en roadtrip moto dans cette partie de l’Europe au mois d’août!

L’autoroute italienne, sous un soleil de plomb – @bandedepeur.fr

Le trafic se fluidifie progressivement alors que nous dépassons les villes de Vérone puis Venise. Avant la frontière slovène, nous nous procurons la vignette moto, obligatoire afin d’emprunter les autoroutes dans le pays. Même si le trajet continue sur l’autoroute, le décor change. L’aridité des plaines italiennes laisse place à un enchaînement de vallons beaucoup plus verdoyants.

Nous contournons Ljubljana et suivons encore et toujours l’autoroute en direction du Nord-Est et de la frontière hongroise. Après avoir atteint l’objectif des 800 kilomètres, il ne reste plus qu’à se laisser couler hors des voies rapides, jusqu’au comté de Križevci pri Ljutomeru pour la nuit.

La vignette autoroutière, obligatoire en Slovénie – @bandedepeur.fr

Jour 3 : Križevci pri Ljutomeru (Slovénie) – Reșița (Roumanie) – 717 KM

Le programme de ce troisième jour est simple : traverser la Hongrie et rejoindre la Roumanie. Une fois les contrôles douaniers passés, nous espérons pouvoir atteindre le Sud du pays, en direction du Danube. Les Africa Twin sont lancées sur l’autoroute, direction Budapest.

Le passage frontalier est une simple formalité, sans contrôle. La route se poursuit sans encombre vers la capitale hongroise, où le trafic va de nouveau s’intensifier. C’est à ce moment que nous allons bifurquer vers le Sud, en direction de Szeged, afin de rejoindre la Roumanie par la frontière sud avec la Hongrie.

La seule frontière avec contrôle systématique du roadtrip – @bandedepeur.fr

La réouverture des frontières était un point d’inquiétude dans notre trajet puisque l’épidémie de Covid observait un rebond en Europe et notamment en France. Inquiétude finalement levée avec un passage fluide et un contrôle très limité sur nos documents… Tant mieux!

Nous entrons en Roumanie sur des champs cultivés à perte de vue. Après quelques kilomètres, direction le réseau secondaire afin de vérifier la qualité souvent décriée des petites routes du pays. Il nous reste 90 km sur l’itinéraire pour atteindre Reșița, la halte pour la nuit. Ne sachant pas trop à quoi s’attendre, le dépaysement est enfin là : villages typiques et leurs habitants assis sur de petits bancs devant leurs maisons, réseaux électriques hasardeux, voies ferroviaires et goudronnées peu ou pas sécurisées…

Un habitant sur le banc devant sa maison, une coutume en campagne roumaine – @bandedepeur.fr

La route se déroule cependant sans incident et nous rejoignons notre hôtel. Une douche bien méritée (il fait encore plus de 30°c en fin de journée) et nous partons à la découvert de Reșița. La ville est un ancien pôle sidérurgique et ce passé a marqué l’architecture de la ville. Le centre ville est cependant très agréable à parcourir à pied et très animé le soir. Avec 717Km au compteur et 3 pays traversés, nous ne profiterons pas vraiment de cette vie nocturne.

Jour 4 : Reșița (Roumanie) – Polovragi (Roumanie) – 383 KM

L’aube se lève sur cette journée qui sera la plus galère de tout le roadtrip. Le plan intial était de descendre jusqu’au Danube, à la frontière serbe, puis de longer le fleuve le plus longtemps possible avant de remonter au Nord de la l’Olténie, à la limite de la Transylvanie. L’itinéraire vers le Sud fait traverser les parcs naturels de Semenic-Cheile Caraşului et Cheile Nerei-Beuşniţa.

Au coeur des parcs nationaux, avant la disparition de la route – @bandedepeur.fr

Au vu des magnifiques photos postées en ligne sur ces parcs, nous décidons d’emprunter des petites routes vues sur Google Maps afin de découvrir ces points de vue sur des rivières escarpées et des chutes d’eau naturelles. C’est ainsi que nous allons apprendre à ne pas nous fier à la dénomination route puisque le goudron disparaît progressivement, puis totalement alors que nous avançons sur un chemin qui ne nous approche pas des attractions locales. C’est ainsi que nous enchainons une quarantaine de kilomètres sur une piste poussiéreuse et glissante avec nos pneus de route et nos motos bien chargées, pour finalement manquer les points d’intérêt.

Les Africa Twin bien poussiéreuses atteignent finalement le Danube, avec un paysage magnifique mais avec une météo très incertaine ! Le ciel s’assombrit alors que nous faisons quelques photos en face de la Forteresse de Golubac (Serbie).

La Forteresse de Golubac en Serbie, de l’autre côté du Danube – @bandedepeur.fr

Alors que nous repartons pour longer le Danube, je ne m’aperçois pas de la seconde erreur de la journée : le téléphone portable en mode GPS borne en Serbie, avec le hors forfait correspondant puisque ce pays ne bénéficie pas des accords de l’Union Européene. Ce n’est qu’arrêt suivant que nous nous rendrons compte du blocage du téléphone par l’opérateur…

Le défilé du Danube à travers les Portes de Fer nous fait oublier ce problème. De nombreux points d’intérêt jalonnent l’itinéraire et nous choisissons de nous arrêter à l’un des plus connus : la Sculpture de Décébale.

La Sculpture de Décébale – @bandedepeur.fr

Après quelques minutes de contemplation, la météo se rappelle à nous : il reste pas mal de kilomètres à couvrir pour rejoindre la pension de ce soir et les nuages se rapprochent. Nous reprenons la route vers le Nord à Drobeta-Turnu Severin. Les 130 kilomètres se passent sans encombre mais sans intérêt particulier.

C’est finalement alors que les motos sont garées depuis deux minutes à la pension que les choses se gâtent. Nous recevons des alertes d’urgence sur nos téléphones : l’orage arrive et il est intense. Le vent se lève, suivi par la pluie et enfin par la grêle, d’une rare intensité. Impuissants, nous regardons les motos balancées par le vent et frappées par les grêlons. A ce moment, nous sommes convaincus que le voyage va s’arrêter ici et qu’il va falloir rapatrier les Africa Twin.

L’orage va finalement cesser après plus d’une heure de pluie et grêle mêlées, laissant une vision de désolation autour de nous. Les arbres sont tombés, emportant les câbles électriques. Les barrières ont été soufflées, tout comme les toitures des maisons environnantes. Par rapport aux dégâts environnants, c’est finalement notre jour de chance : un seul poc sur l’une des motos.

Après avoir aidé les locaux à ramasser leurs propriétés éparpillées par le vent, nous profitons de l’accalmie pour faire un tour des environs, dans une lumière presque apocalyptique. Alors que nous rentrons, un camion de pompier arrive à vitesse élevée dans le village et arrache un des fils électriques déjà mis à mal par l’orage. Le courant n’est pas prêt de revenir, nous décidons d’aller nous coucher tôt et d’en finir avec cette journée difficile.

Le calme revenu après l’orage – @bandedepeur.fr

Jour 5 : Polovragi (Roumanie) – Brașov (Roumanie) – 356 KM

Le café offert par la propriétaire de la pension nous tire un peu de la torpeur matinale. Si la météo le permet, la journée s’annonce dépaysante avec les premières routes de montagne à travers la Transylvanie. L’objectif de ce soir? Rejoindre Brașov, au cœur des Carpates.

La route la plus courte pour rejoindre Brașov trace le chemin par le Sud en évitant les hauts sommets des Carpates… Bof. Pas tentés par ce trajet monotone, nous décidons d’emprunter ce qui sera, disons le de suite, la plus belle route du trip : la Transalpina.

Les crêtes de la Transalpina – @bandedepeur.fr

Un peu d’histoire permet d’apprécier le pedigree de cette route, la plus haute de Roumanie (2145m). Construite durant la première guerre mondiale, la route serpente sur les crêtes des Carpates, plonge à travers les forêts et approche des lacs glaciaires. Si nous avions conscience de l’existence de cette route, c’est plutôt sa prestigieuse voisine, la Transfăgărășan, qui nous attirait. Moins connue, la Transalpina est paradoxalement plus ancienne. Un certain délaissement dans son entretien l’a fait tomber dans l’ombre. Ce n’est qu’en 2013 que la route est complètement asphaltée, ce qui explique peut être ce défaut de notoriété.

Et pourtant, cette route est majestueuse. La montée depuis le Sud vous fait voyager à travers un paysage sec qui rejoint les crêtes et les stations de ski. Puis la descente vers le Nord se fait à travers des forêts de conifères et à proximité de lacs et de barrages. Chaque virage de cette route nous permet de découvrir un nouvel environnement. Le bitume récent et l’absence de circulation nous permettent d’enrouler des kilomètres de bonheur.

Le temps d’une pause déjeuner, nous redescendons de notre petit nuage. Le temps presse pour rejoindre l’hôtel et nous n’avions pas anticipé les bouchons que causeraient l’absence d’autoroute à proximité de Brașov. Au moment de remettre le casque, l’application annonce des ralentissements sur une bonne moitié du trajet. Nous prenons notre mal en patience mais les choses se gâtent après Sibiu et le trafic s’arrête carrément après Făgăraș. C’est parti pour une session d’interfile à rappeler le périphérique parisien.

L’arrivée à Brașov se fait sans encombre. Nous sommes heureux de poser les valises pour deux nuits dans le même hôtel, une première depuis le début du trip. Bien que fourbus, nous partons à la découverte de la ville et à la recherche d’un bon dîner…

Bienvenue à Brașov – @bandedepeur.fr

Jour 6 : Brașov (Roumanie) – Brașov (Roumanie) – 211 KM

Les valises, outils et autres lourds chargements restent à l’hôtel ce matin. Ce sont deux Africa Twin allégées qui prennent la route de Slănic et sa mine de sel, une curiosité touristique locale. Sur le chemin, plusieurs monastères se succèdent dans de petits villages. Nous décidons de faire une première halte à celui de Cheia. Si l’édifice n’a rien de comparable avec celui, bien connu, de Sucevița , il nous apporte une première immersion dans l’importante culture religieuse roumaine. Le cadre verdoyant et l’absence de touristes (il est à peine 8h) sont reposants et nous traînons quelques minutes dans les jardins avant de remonter en selle.

Monastère de Cheia – @bandedepeur.fr

Il semble que les mines de sel de Slănic soient une attraction prisée des roumains puisque le trafic s’intensifie sensiblement aux abords de cette petite ville. Les bus s’amassent sur le parking obligatoire et les touristes aux guichets. Il est en effet nécessaire de posséder un billet de minibus car le seul accès public se fait par ce moyen de circulation. La descente est un peu particulière : le tunnel incliné et exigu n’est presque pas éclairé : voyage déconseillé aux claustrophobes ! Ce mode de déplacement est cependant plus efficace et surtout plus sécurisé que l’ancien ascenseur, mais un peu moins authentique…

L’ancien ascenseur… en état d’origine – @bandedepeur.fr

Le détour est cependant plus que recommandé : l’intérieur de la mine est totalement déconcertant et gigantesque. 15 salles composent l’ensemble, avec une hauteur de 70m et des conditions climatiques particulières : 12 degrés toute l’année, 50% d’humidité. Convertie pour le loisir après quelques années d’exploitation, la mine sert aussi au traitement de maladies respiratoires grâce à ce microclimat unique. C’est ainsi que se côtoient un centre de santé et des terrains de foot, de karting, des billards… Un joyeux capharnaüm que semble apprécier les locaux. Il existe également une petite exposition d’anciens outils et photos, presque anecdotique au vu de la taille de l’ensemble. La sortie de la mine se fait de la même façon qu’à l’aller, le trajet permettant de se croiser par endroits avec des cavités plus larges.

Après un rapide picnic, direction Sinaia « la perle des Carpates » à travers les petites routes sinueuses de la campagne roumaine. Cette ville est réputée pour ses nombreux monuments et notamment l’objet de notre visite : le Château de Peleș. Cette ancienne résidence royale, construite entre 1873 et 1883 dans un style Néo-Renaissance, est également réceptionnaire de nombreuses innovations pour l’époque : électricité, chauffage central… Il reste aujourd’hui à visiter, l’édifice étant richement meublé et disposant de belles collections de peintures, d’armes.

Le Château de Peleș – @bandedepeur.fr

Après cette dernière visite, nous filons vers Brașov pour poser les motos et profiter d’une dernière soirée en ville avant la journée du lendemain qui s’annonce intense!

Jour 7 : Brașov (Roumanie) – Sighișoara (Roumanie) – 347KM

L’itinéraire de ce jour est un peu particulier puisqu’il doit nous emmener à travers la mythique Transfăgărășan. En partant direction Sud, se présente rapidement devant nous le Château de Bran. L’imposant édifice tire sa reconnaissance internationale de sa liaison au compte de Dracula… Et une manne financière de l’exploitation de l’image de ce même vampire. C’est à peine garé le long de la route qui contourne le château qu’un contrôleur vient percevoir une paiement pour le stationnement des motos. N’ayant pas prévu de visiter cette attraction touristique un peu trop bien huilée, nous filons en direction de Curtea de Argeş, porte d’entrée Sud de notre objectif.

A la sortie de Bran, direction la Transfăgărășan – @bandedepeur.fr

La route serpente à travers les petits villages de moyenne montage, nous offrant un paysage époustouflant. A quelques kilomètres de Curtea de Argeş, l’itinéraire bifurque vers le Nord vers les monts Făgăraș. Au fur et à mesure de la progression, le paysage de campagne s’efface pour laisser place à des forêts et des lacs de montagne. Ainsi qu’à une circulation dense qui sera le point noir de la journée. En effet, emprunter cette route le dimanche semble être le meilleur moyen de rencontrer les habitants des alentours partis profiter de la montagne et d’un picnic en famille. C’est donc à des files quasiment ininterrompues de voitures circulant à faible allure que nous sommes confrontés. Qu’à cela ne tienne, le plaisir est bien là et l’itinéraire réserve quelques surprises : la citadelle de Poenari, l’improbable lac Vidraru et son barrage au milieu des montagnes… Les Alpes de Transylvanie méritent amplement cette appellation !

La montée vers les Monts Făgăraș – @bandedepeur.fr

La progression vers le Nord s’accompagne d’une montée en altitude alors que le relief s’ouvre et s’éclaircit. L’objectif de la journée apparaît devant les roues des Africa Twin : Les courbes de la Transfăgărășan. Rendu célèbre par le trio Top Gear lors d’un roadtrip à la recherche de la plus belle route du monde, ce tracé est un véritable circuit sur route ouverte.

L’origine de cette route remonte aux années 1970, lorsque le dictateur Nicolae Ceausescu décide de doter une son pays d’un itinéraire rapide à travers les monts Făgăraș pour se protéger d’une éventuelle agression étrangère. Longue et difficile, la création de cette route demandera d’importants efforts logistiques et de réaménagements (tunnels, viaducs et barrage). Dans cette zone reculée, le dessin de la route va serpenter la montagne du Nord au Sud, un tunnel séparant les deux versants. C’est sur la partie Sud que nous marquons l’arrêt, là se trouvent les courbes les plus mythiques.

Le tracé versant Sud, une invitation au plaisir de la moto – @bandedepeur.fr

Après quelques plans vidéo, nous remettons les motos en route, direction le versant Nord. Pour cela, il faut emprunter un tunnel… totalement embouteillé ! En interfile comme sur le périphérique parisien, les motos progressent à allure réduite pendant une bonne demi heure. De l’autre côté du tunnel, le paysage est plus vert, moins Alpin. Le trafic se fluidifie et un local ouvre la voie sur sa BMW 650. Au loin, des forêts apparaissent, puis encore plus loin, les plaines. Après quelques kilomètres de redescente, nous décidons de bifurquer dans un petit chemin pour déjeuner et se reposer un peu.

Les motos tranquillement garées au milieu de ce petit chemin, nous sortons l’immanquable réchaud et la popote. Ces deux accessoires se sont révélés être les plus utiles du séjour, permettant de s’arrêter un peu partout sur le bord des routes ou dans les campagnes, pour le café et le petit déjeuner.

C’est en repartant que nous ferons la rencontre la plus inattendue de notre périple. Après avoir parcouru 200 mètres à la sortie de notre arrêt improvisé, nous sommes surpris par un ours sur le bord de la route. Si l’animal parait inoffensif, nous nous interrogeons sur le bien-fondé de cette pause déjeuner au milieu des bois et de ce qu’il aurait pu se passer! Par la suite, nous lirons que la population des ours est assez importante dans ce secteur et que les accidents ne sont pas rares. Il faudra être plus prudent par la suite.

Un ours sur le bord de la route, une scène commune en Transylvanie – @bandedepeur.fr

L’après-midi est bien avancée alors que nous rejoignons la E68, cet axe majeur qui relie Sibiu à Brașov. Nous ne l’empruntons que sur quelques kilomètres avant de bifurquer à nouveau vers le Nord, en direction de Sighișoara, notre halte de la nuit. Dès lors, le décor change au profit de petites plaines séparées de collines, bien loin de l’agriculture plus intensive du Sud. Le tracé se déroule progressivement, serpentant sur de petites routes de campagnes en très bon état. Une façon de dérouler tranquillement jusqu’à l’hôtel en profitant des dernières heures de soleil.

Sighișoara, où nous passerons la nuit, est une ancienne ville fortifiée classée au patrimoine mondial de l’Unesco. De nombreuses traces de ce passé se retrouvent encore dans la ville : plusieurs tours, escaliers et une muraille qui court autour de la ville. Nous partons à la découverte de ce patrimoine et à la recherche d’un restaurant pour finir la journée.

Jour 8 : Sighișoara (Roumanie) – Nemțișor (Roumanie) – 309KM

Cela fait déjà 8 jours que nous avons pris la route et pour cette nouvelle journée, nous flânons dans les ruelles de Sighișoara pour profiter de ses nombreux sites touristiques. L’objectif pour aujourd’hui est simple : atteindre le Nord-Est du pays, dans la région Moldave où se trouvent de nombreux monastères. Après un petit déjeuner en ville, c’est l’heure du départ. Comme souvent en Roumanie, pas d’autoroute pour effectuer les 300 kilomètres jusqu’à l’hôtel de ce soir.

Les Africa Twin s’engagent donc à vitesse modérée sur les petites routes. La première étape est le Lac Rouge, formé naturellement suite à un glissement de terrain en 1838. S’agissant d’un passage sur la route, la halte est agréable même si le lac n’a de rouge que le nom! Un peu plus loin, un petit chemin nous emmène à distance de la route pour déjeuner.

Une balade bucolique dans les forêts roumaines – @bandedepeur.fr

Après quelques kilomètres de piste, les motos sont mises à l’arrêt et leurs propriétaires bien heureux de se reposer à l’ombre… Non sans avoir envoyé le drone s’assurer de l’absence d’ours à proximité! L’occasion aussi de profiter d’un autre point de vue sur les superbes forêts de Moldavie.

Une pause heureuse au milieu des conifères – @bandedepeur.fr

Après la pause et sans être dérangé par les ours, c’est reparti direction le Lac Izvorul Muntelui et le barrage de Bicaz, qui forment la plus grande retenue d’eau artificielle de Roumanie. L’itinéraire alterne entre forêts, vallons et gorges, sur des routes souvent peu fréquentées et avec un bitume en meilleur état que ne laissait présager la réputation du pays. Nous atteignons rapidement le Barrage de Bicaz, que nous empruntons afin de contourner le Lac Izvorul Muntelui par l’Est. C’est à ce moment là que la journée commence à se dégrader.

Les Gorges de Bicaz – @bandedepeur.fr

Tout d’abord c’est le bitume qui décide de se faire la malle. Enfin partiellement : il disparaît par endroit, réapparait sous la forme de cumuls à d’autres, souvent rejoint par des plaques de hauteurs et largeurs différentes… Nous sommes à nouveau bien contents d’avoir choisi de partir en Trail et non pas en GT!

La route vers le Nord qui sillonne sur les hauteurs du lac Izvorul Muntelui offre de nombreux points de vue avec de superbes paysages. En s’arrêtant pour prendre quelques photos et faire voler le drône, le ciel s’assombrit et annonce la seconde contrariété de la journée : l’orage arrive. Alors que nous repartons, une pluie diluvienne fait logiquement son apparition et oblige à l’arrêt des motos à l’abri.

Direction l’orage et la pluie sur le lac Izvorul Muntelui – @bandedepeur.fr

Après cette pause forcée, les motos filent désormais vers Nemțișor pour y passer la nuit. Cette petite localité doit nous permettre de visiter tôt les monastères le lendemain matin.

Jour 9 : Nemțișor (Roumanie) – Vișeu de Sus (Roumanie) – 294 KM

Deux objectifs sont au programme de cette neuvième journée. D’abord, se lever tôt et visiter plusieurs monastères anciens typiques de la région Moldave. Ensuite rejoindre tôt la ville de Vișeu de Sus et réserver des billets de train pour l’escapade du lendemain.

A seulement 6KM de l’hôtel se trouve le monastère de Neamț qui sera la première visite de la journée. Ce monument orthodoxe est l’un des plus anciens de Roumanie. Il est encore tôt alors que nous pénétrons le cloitre qui entoure l’église typique de cette architecture moldave.

Le monastère de Neamț – @bandedepeur.fr

Bien chanceux de profiter quasiment seuls du monument, nous visitons l’Eglise et les galeries, puis à proximité le Baptistère et le Seminar Veniamin Costache.

Il est temps de partir vers un autre mastodonte des constructions religieuses roumaines : le monastère de Sucevița. Situé à une centaine de kilomètres plus au nord, il est inscrit par l’UNESCO au patrimoine mondial de l’Humanité et représente chronologiquement le dernier des complexes monastiques de la région Bucovine.

Signe d’un important centre d’intérêt touristique, les échoppes de vendeurs se multiplient à l’entrée du monastère, allant de l’artisanat local à des produits d’origine plus douteuse… L’accès est payant, des travaux de restauration sont en cours, mais cela vaut la peine : l’Eglise de la Résurrection, au centre du cloitre est magnifique. L’édifice est entièrement peint à l’extérieur et les fresques narrent diverses scènes dont la célèbre Échelle des vertus sur la face Nord.

Le monastère de Sucevița en août 2021 – @bandedepeur.fr

Il est bientôt midi et nous partons à la recherche d’un coin paisible pour déjeuner. Heureusement, la route qu’emprunte l’itinéraire vers l’Ouest longe de belles forêts et de grands vallons. C’est aussi l’occasion de sortir à nouveau le drone et profiter de l’immense solitude de cette partie de la Roumanie. L’occasion aussi de tester son courage sur les improbables ponts de la région…

Au détour d’une rivière, nous nous arrêtons pour déjeuner. L’occasion de sortir à nouveau le réchaud, fidèle compagnon de ce périple. Que ce soit pour déjeuner ou pour un café, ce fût pour nous l’accessoire indispensable du trip. Un essentiel que nous ne pouvons donc que vous recommander au contraire de la tente et des duvets inutilement sanglés sur nos motos. Les pensions étant nombreuses et abordables, il est bien plus simple de se loger de cette façon que de rechercher les rares campings qui ne soient pas qu’un empilement de mobil homes. Quant au camping sauvage, la présence des ours le rendait un peu trop aventureux pour nous!

Un pont improbable mais encore utilisé pour rejoindre un axe de circulation ! – @bandedepeur.fr

Après cet interlude gastronomique, c’est reparti en direction du Sud-Ouest puis du Nord-Ouest vers Vișeu de Sus. La journée est déjà bien avancée mais il reste encore de la route à parcourir. En reprenant la direction du Nord-Ouest, l’itinéraire se fait plus sinueux encore et l’altitude s’élève. Pas de doute, les Carpates nous ouvrent leurs portes et celles de leurs montagnes.

Le point le plus haut de la journée sera le col de Prislop, à 1400m d’altitude, qui marque le basculement de la région Bucovine à la Marmatie. Nous stoppons les Africa Twin pour quelques photos et rencontrons à ce moment là un motard suisse au guidon de sa rutilante Triumph Tiger. Le motard nous conseille un petit chemin sur les crêtes qui offre de beaux points de vue. Sur ces conseils, nous relançons nos motos dans leur élément naturel sur un petit bout de terre au pied des pistes de ski et des remontées mécaniques.

Balade au pied des pistes et des vaches – @bandedepeur.fr

La longue route redescend ensuite sans encombre pendant une quarantaine de kilomètres jusqu’à notre pension de la nuit. Un petit arrêt s’impose cependant à la gare de Maramureș pour tenter de réserver l’excursion du lendemain. En effet, nous avions décidé de profiter de cette dernière journée avant d’emprunter le chemin du retour pour faire un petit voyage ferroviaire. Cependant, il n’était plus possible de réserver en ligne au moment de notre voyage et nous avions décidé d’aller tenter notre chance au guichet. Ce coup de poker sera finalement couronné de succès et ce sont deux voyageurs satisfaits de leur journée qui atteignent leur hébergement à deux pas de la gare.

Jour 10 : Vișeu de Sus (Roumanie)

Il est 8H lorsque, dans un roumain hésitant, nous trouvons le bon train pour l’excursion de la journée. A bord de ce Poudlard Express de l’Est, la destination se trouve quelque part perdue au milieu des montagnes à la frontière de l’Ukraine. Assis sur des petits bancs en bois, dans des wagons sans portes ni fenêtres, nous regardons paisiblement défiler le paysage. Avec une vitesse de pointe d’environ 20KM / heure, il est vrai que l’on a le temps de s’attacher aux détails des campagnes roumaines : bottes de foin au design si particulier, de nouveaux ponts improbables et des constructions anarchiques ou abandonnées au fil des vallons.

Le train à vapeur qui nous emmène sur la route forestière @bandedepeur.fr

Dans la vapeur de la locomotive, nous apercevons des vestiges de ponts, d’exploitations forestières et des villages isolés. Le charme de l’ancien nécessitant une attention particulière, le train fait étape à mi chemin pour ravitailler la machine en eau. C’est l’occasion d’envoyer à nouveau le drone en reconnaissance et de découvrir une étendue de conifères à perte de vue.

Les rails serpentent au travers des vallons entre la Roumanie et l’Ukraine – @bandedepeur.fr

Le trajet aller s’arrête à la gare de Paltin, à 21km de notre point de départ. C’est le moment de déjeuner au son du folklore et des danseurs locaux. Les roumains semblent apprécier le spectacle puisque le train affiche complet et qu’en gare, deux autres locomotives emmènent des touristes sur le même itinéraire. Après une pause déjeuner, le train repart dans l’autre direction, vers notre gare de départ. Cette petite journée d’excursion sans moto se termine tranquillement alors que nous préparons le trajet du retour…

Des forêts à perte de vue et l’Ukraine au delà – @bandedepeur.fr

Jour 11 : Vișeu de Sus (Roumanie) – Zgornja Bistrica (Slovénie) – 889 KM

Ce onzième jour du trip est celui du départ et de nombreux kilomètres sont à couvrir pour rentrer en France. Il reste cependant une dernière visite avant de quitter la Roumanie et elle se trouve sur le trajet du retour. A 80 kilomètres au Nord-Ouest de Vișeu de Sus se trouve la ville de Săpânța.

Cette localité accolée à la frontière ukrainienne a accédé à la notoriété grâce à son cimetière. Le Cimetière joyeux de Săpânța a la particularité récente (depuis les années 1930) d’avoir des pierres tombales qui prennent la forme de stèles en bois ornées de fresques peintes ou sculptées. Ces ornements représentent des scènes professionnelles ou personnelles de la vie du défunt, permettant de le célébrer et de renouer avec une tradition funéraire festive.

Les ornements funéraires joyeux de Săpânța – @bandedepeur.fr

Nous redémarrons les motos en direction de la Hongrie, laissant dernière nous la superbe Roumanie, ses paysages immenses et verdoyants, son folklore et ses traditions ainsi que ses habitants accueillants. L’itinéraire emprunte une dernière fois les routes sinueuses du pays en direction de Satu Mare et de la frontière. Comme pour l’entrée en Roumanie, la sortie nécessite le passage par la case frontière physique et contrôle des documents.

Une fois cette étape passée, les motos rejoignent rapidement le réseau autoroutier hongrois. Régulateur de vitesse activé, bien calés sur nos coussins de selle, nous basculons dans un mode de conduite semi automatique pour la journée. La nuit est proche alors que l’itinéraire franchit une nouvelle frontière et que l’hôtel se rapproche : Slovénie nous (re)voilà!

Une dernière vue de la Roumanie – @bandedepeur.fr

Jour 12 : Zgornja Bistrica (Slovénie) – Borgata Tora (Italie) – 787 KM

Une nouvelle journée de transit s’ouvre devant nos roues, direction l’Italie! Mais pour éviter un retour trop monotone, l’itinéraire est modifié afin de pouvoir emprunter le col du Mont-Cenis le lendemain.

La Slovénie s’efface rapidement pour laisser place à l’Italie qui nous accueille à nouveau avec de fortes températures. Les pauses se font plus fréquentes pour se reposer et se réhydrater. La traversée est aussi peu agréable au retour qu’à l’aller et renforce l’impression de fin de vacances.

Milan puis Turin sont derrière nous, ainsi qu’une bonne partie de la journée lorsque nous sortons enfin de la voie rapide pour prendre la direction de Borgata Tora. Cette petite localité perdue dans les montagnes du Piémont sera donc notre dernière halte du trip. Nous renouons alors avec le plaisir piloter sur des petites routes très sinueuses.

Une dernière soirée sur les hauteurs du Piémont – @bandedepeur.fr

Après presque 800 kilomètres depuis ce matin et le départ de Slovénie, nous sommes heureux de garer les motos dans l’entrée du B&B ! C’est l’occasion de découvrir une superbe maison de montagne, avec une vue imprenable sur les hauteurs du Piémont. Nous profitons ensuite d’un dernier restaurant délicieusement authentique pour faire le bilan de cette longue traversée.

Jour 13 : Borgata Tora (Italie) – Creuse (France) – 613 KM

Le soleil se lève sur la dernière journée du trip. Il n’est pas 8H mais les rayons réchauffent déjà la terrasse de notre hébergement alors que nous profitons de ce petit déjeuner avec vue. L’itinéraire de ce jour est simple : rejoindre la France par le Col du Mont-Cenis (2085m) puis l’autoroute dans le sens inverse du trajet aller.

Les motos sont en route et redescendent la petite route escarpée qui conduit à Giaveno puis à la voie rapide pour quelques kilomètres avant d’emprunter la sortie à Vénaux. La route se fait de nouveau sinueuse et le paysage s’ouvre : pas de doute nous sommes de retour en montage !

Direction… Francia ! – @bandedepeur.fr

La montée s’accentue et nous arrivons au lac du Mont-Cenis. Le temps d’une pause, le décor nous éblouit. En face, de l’autre coté du lac : le Fort de Variselle, le Mont Malamot et son fort. Derrière nous, le Fort de Ronce et la Pointe de Ronce, point culminant du massif (3612m). Pas très motivés, nous remontons pourtant en selle : il reste plus de 6H de de conduite à couvrir.

Après quelques minutes de routes départementales, nous rejoignons l’autoroute du retour à côté de Modane. C’est ensuite parti pour de longs kilomètres jusqu’à Clermont-Ferrand, et encore une centaine de kilomètres pour rallier notre point de départ, en fin d’après midi.

Le Lac du Mont-Cenis – @bandedepeur.fr

Le bilan du trip

13 jours de voyage, un peu moins de 7 000 km en moto, train et en minibus, 5 pays traversés, 2 Africa Twin, 1 ours… Voilà quelques chiffres au hasard qui fixent le cadre du roadtrip. Ce que ces chiffres ne peuvent pas traduire, c’est bien l’attraction de la Roumanie.

Au départ de ce roadtrip, nous n’avions pas particulièrement d’attrait pour ce pays, ni de connaissances sur sa culture ou sa population. C’est l’éloignement que nous recherchions à la base de ce projet et nous l’avons trouvé. Tout d’abord, la distance était grande pour atteindre le pays et en revenir : 2500km. L’opportunité de renouer avec de longs trajets à moto après deux années de disette en lien avec la pandémie.

Le dépaysement et l’éloignement culturel sont arrivés ensuite, une fois la frontière franchie : changement de langue, de monnaie, d’alphabet. Changements de comportement également : l’influence de la religion Orthodoxe et de la proximité avec l’Ukraine et la Russie contrebalancent la croissance et la modernité apportée par le début des années 2000 et l’entrée dans l’Union Européenne.

Ainsi, nous avons évolué entre des villes modernes, des espaces industrialisés imitant l’Europe de l’Ouest et des campagnes abandonnées, aux populations pauvres, religieuses et vieillissantes, malgré l’essor du tourisme rural et un soutien certain de l’Union Européenne.

Ce tiraillement entre modernité et tradition rend le pays attachant et sa campagne délicieusement authentique. C’est cette authenticité qui nous a plu et nous a tenu relativement éloignés des villes. Des bûcherons perdus au milieux des forêts, qui utilisent encore les rivières et le ferroviaire pour travailler. Des bottes de foin atypiques et des calèches encore bien présentes sur les routes. Des paysages à couper le souffle, peu marqués par l’empreinte de l’Homme.

Vous l’aurez compris, les amoureux de campagne que nous sommes ont été comblés par la ruralité roumaine. Et quelle meilleure manière de la découvrir que la moto? Nos Africa Twin nous ont emmené à travers le pays, sur les pistes et les routes, par dessus les cols de montagne et au milieu des embouteillages.

Oui, le bitume est incertain, voir absent et parfois disparaît totalement pendant plusieurs kilomètres.
Oui, la conduite nécessite des précautions et de l’anticipation car on ne vous facilitera pas le passage sur la route.

Ne soyez pas un motard pressé. Nous avons roulé avec prudence, sans jamais nous faire vraiment surprendre par autre chose que le superbe paysage qui apparaît au virage suivant.

Enfin, il n’est plus de belle aventure que celle qui se partage. Nous avons eu la chance de pouvoir partir entre père et fils, et le voyage n’en fût que plus plaisant. Nous vous invitons donc à partager ce roadtrip ou à vous inspirer pour vos prochains vagabondages car la Roumanie est un pays à découvrir !

La revedere !